Dreamers An 2 Roche et Ciel: Chapitre 1

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— Qu’est-ce que tu fais là crétin?

Nous étions à la veille de notre départ vers le village de Sofian, et je m’étais isolé de mes amis près du pont où nous avions discuté cet hiver quand nous étions venus nous ressourcer un week-end chez les jumeaux avec Avery. J’avais l’impression que c’était il y a une éternité. Et là Dorian venait de me retrouver.

— Qui t’a dit que j’étais ici?

— Romuald. Ce n’est pas parce qu’il est de garde qu’il est muet, crétin.

— Il doit être content de venir avec nous, ça va le changer d’ici.

Le plus jeune des deux frères de Carmen nous accompagnait dans le sud à la demande des parents des jumeaux, tout comme il l’avait fait cet hiver lors de leur permission de fin d’année, permettant à leurs parents d’avoir l’un de leurs gardes pour veiller sur leurs enfants.

— Une chose est claire, c’est que toi l’idée de revoir ta famille n’a pas l’air de t’emballer.

Me dit alors Dorian placidement. Son frère et lui avaient encore grandi je trouve, et j’avais l’impression que Dorian commençait à avoir un peu plus de muscles que Lorian. Comme toujours ses yeux marron pailletés d’or donnaient l’impression que son regard me sondait au plus profond de mon âme.

— Non je te jure, je suis heureux à l’idée de les retrouver.

— Et bah, si c’est la tête que tu as quand tu es heureux, qu’est-ce que c’est quand tu fais vraiment la gueule. Allez dis-moi, qu’est-ce qui te mine? Tu paraissais heureux à notre départ de l’Académie, mais depuis une semaine c’est triste sire à tous les repas. Nous nous inquiétions pour toi mon pote, et Av encore plus.

Je ne réponds rien. Dorian s’assoit auprès de moi dans l’herbe fraîche, sur le bord du ruisseau.

— Non je te jure ça va. C’est juste que j’ai beaucoup de choses à penser.

— Tu crois quoi, nous sommes tous dans le même bateau je te rappelle. Nous avons tous décidé de faire ce que nous nous sommes dit.

Il me rappelait là l’engagement que nous nous étions tous fait avec nos amis de l’Académie annexe, de tout faire pour essayer d’améliorer les choses à notre niveau, dans cet Empire où tout allait pour le pire.

— Oui mais en plus, pas mal de chose ont changé pour moi. Tu comprends?

— C’est vrai que depuis ton arrivée à l’Académie tu as changé.

— Ce n’est rien de le dire. Avant le seul à me faire pleurer c’était Dex, et regarde-moi maintenant.

À la moitié de notre séjour ici, sans aucune raison je m’étais effondré en larmes un soir pendant le repas. Dorian avait une fois encore pris soin de moi. Le lendemain Katarina, leur mère, m’avait expliqué que c’était dû au stress de l’année, que c’était courant, et que ce phénomène était rencontré fréquemment chez des soldats qui rentraient chez eux après une longue période de combat et de tensions. Et que surtout je ne devais pas en avoir honte. Tu parles, son laïus ne m’avait pas fait me sentir mieux, au contraire. Je savais que l’attaque contre l’Académie, mon combat sur le toit ayant conduit à ma chute, et à la mort de l’un des opposants de ma main, avaient cassé quelque chose en moi, mais j’avais toujours du mal à assimiler ce changement.

— Et alors, qu’est-ce que ça peut faire? Non, ton plus grand changement c’est à Avery que tu le dois. Il t’a adouci, même si paradoxalement les événements de cette année t’ont durci à l’égard de certaines positions.

Il parlait de mon sentiment anti-Empire, et de ma révulsion vis-à-vis de ce que ce dernier représentait.

— Donc si je résume, je suis devenu un pleurnichard pathétique et borné.

Il me met une grosse taloche derrière la tête.

— Tu es vraiment le pire des crétins quand tu t’y mets. C’est sûr que pour être un idiot borné, tu l’es. Mais la sensibilité que tu présentes désormais, était comme le reste en réalité, présente en toi depuis toujours. C’est juste que la présence d’Avery t’a permis de casser certains pans de ta coquille. Et nous, nous en foutons tous que parfois tu craques. S’il y en a un qui en a bien gagné le droit cette année, c’est toi bordel.

J’esquisse un sourire, à l’entente du vocabulaire qu’il utilise désormais sans aucune retenue.

— Je ne suis pas le seul à avoir changé.

— Tais-toi, tu as une mauvaise influence sur moi.

— Désolé de vous avoir inquiété.

— Excuse toi auprès d’Avery si tu tiens vraiment à le faire, c’est lui qui s’inquiétait le plus. Là il joue du violon dans la serre pour Sof. Ce dernier me dit que les vibrations de sa magie sont mélancoliques.

Bien que sourd de naissance, Sofian pouvait ressentir la musique d’Avery via sa magie, mon petit camarade pouvant en insuffler naturellement lorsqu’il jouait de son violon.

— Je suis vraiment en dessous de tout avec lui.

— Mais non, arrête de te flageller. Il ne t’en veut pas, c’est juste qu’il aimerait que tu t’ouvres à lui un peu plus je pense. Car bon, j’ai déjà vu des rochers plus perméables que toi crétin.

— N’empêche si moi j’ai changé, c’est bien lui qui a le plus évolué.

— C’est certain. Un exploit dans un environnement aussi toxique tel que celui de l’Académie. Il est passé du gamin renfermé et pleurnichard, au Forgeron au pouvoir sans limite, qui court partout avec son pote, et qui a un caractère volontaire et bien borné parfois. Et ce changement nous te le devons.

— Il le doit aussi à Sofian et Viktor. Ils se sont bien trouvé tous les trois.

— Oui, mais sans toi jamais il ne se serait lié à eux. Tu as été à la fois, l’allumette, la mèche et l’accélérateur de l’explosion qui l’a transformé. Et je sais ce que tu vas dire, mais non, sans toi il ne serait pas aussi heureux. Je sais que tu ne crois pas à la prédestination, et à ce genre de choses. Mais vous concernant il ne pouvait pas y avoir d’autre voie que celle de votre rencontre.

— Si tu le dis.

— Borné comme pas deux, c’est sûr. Allez, dis-moi au moins ce qui te tracasse.

Je me décide à me confier à lui. Il n’y a pas à dire dans ces moments-là il me rappelait mon frère Dex. Mais si je lui disais il me ferait la tête au carré, tous deux s’entendant comme chien et chat.

— Je sais que nous nous apprêtons à faire quelque chose de juste et de nécessaire. Mais parfois j’ai peur que les répercussions créent des remous que nous ne pourrons pas contrôler. Mais d’autre part je me dis tant pis, car ce que nous nous apprêtons à faire n’est pas vain, et je me dis que si nous échouons, alors peut-être aurons-nous au moins donné l’envie à quelqu’un de reprendre le flambeau. Mais ce cynisme en moi, j’ai peur qu’il fasse de moi une mauvaise personne.

Dorian me remet une taloche.

— T’es vraiment un crétin fini. Si toi tu es une mauvaise personne, nous ne sommes pas dans la merde alors. Tu es quelqu’un de bien Caleb, sois en certain. Tu aurais très bien pu choisir de rester dans le rang. Tu aurais aussi très bien pu décider de t’enfuir avec ton p’tit pote. Mais non, tu as décidé de rester, et de tout mettre en œuvre pour ce que tu juges juste. Et nous concernant, nous tes amis, nous avons tous choisi de vous rejoindre car votre détermination à tous les trois, Avery, Lucinda et toi, nous a montré que c’était la chose à faire. S’il y a besoin, laisse nous gérer les conséquences. Tu sais, tout ne doit pas reposer sur toi, sinon ce n’est pas seulement en larmes que tu vas craquer.

— Tu as raison. Mais ce n’est pas évident pour moi de laisser couler, ce n’est pas naturel.

— Alors laisse Avery t’aider à gérer. Il est doué en général avec tes émotions.

— Dorian, ça t’ennuie si je reste encore un peu ici?

— Et toi, ça t’ennuie si je reste avec toi?

— Non je veux bien. Et Dorian, merci mec.

— Ferme ta bouche crétin, où tu vas encore dire des conneries.

Je lui souris faiblement. Il a raison sur toute la ligne en réalité. Revoir m’man et ma petite sœur Chiara va m’aider à lâcher du lest j’en suis certain . Tout comme j’ai hâte de revoir mon meilleur ami Matti et mon frère Dex la semaine suivante.

Nous discutons un peu de tout et de rien encore un bon moment au bord de l’eau avant de décider de rentrer au manoir. En chemin nous nous arrêtons à l’épicerie et j’achète du chocolat aux herbes pour Avery, pour me faire pardonner mon humeur des plus moroses de ces derniers jours.

Les jumeaux et Sof sont montés de bonne heure dans leur chambre. Avec Av nous avons décidé de profiter un peu du bain extérieur. Comme d’habitude ce bain le détend. Il m’avait bien entendu pardonner mon humeur quand nous avions parlé après mon retour avec Dorian. Il m’a dit qu’il savait que j’irais mieux, mais que j’avais besoin de temps. Il est vraiment génial comme ami.

— Dire que demain soir on sera avec m’man et Chacha.

— Ça va être cool. Dis, tu crois que Joe va accoucher pendant notre séjour?

— C’est possible, elle va arriver à terme à la fin du huitième mois de l’année.

— Tu crois que c’est un garçon comme elle dit?

— Tu nous le diras quand tu entreras en contact avec le bébé.

Avery, nous ne savions toujours pas comment, avait été le premier à déceler la grossesse de ma mère, alors qu’elle-même n’en était pas certaine au stade de celle-ci.

— C’est pas dit que je puisse. Là le bébé a développé une prémisse de conscience maintenant, il peut donc restreindre son accès onirique, et comme je suis pas fileur, y’a peu de chances que j’y arrive en vrai. La Lieutenant Chase m’a donné un livre quand je lui ai parlé du contact que j’avais eu avec l’aer naissant du fœtus.

— Sérieux, j’ai toujours du mal à concevoir que tu aies pu établir un contact magique avec un truc plus insignifiant qu’une larve de mouche.

Il m’éclabousse le visage avec l’eau sentant le mélange d’herbes qu’utilisait Katarina pour la parfumer, et lui donner ses caractéristiques thérapeutiques et relaxantes. Mélange qu’elle gardait jalousement secrète, et qu’elle ne partageait pas même avec sa société de produit pharmaceutique.

— Parle pas mal de ton p’tit frère.

— Attends, tu connais le sexe alors finalement?

— Comment je pourrais, sois pas bête. C’est juste que Joe en est persuadé, et je crois en son instinct. Et puis c’est marrant de penser à un mini-Caleb.

— Fait gaffe avec tes souhaits je t’ai déjà dit p’tite tête.

Il part à rire.

— Tu sais, il paraît qu’au nord les Druides ils rentrent en contact avec les animaux et que les Chamans ils y arrivent même avec les plantes.

— Oui, et il paraît que quelque part au sud sur le continent de glace, il y a une pauvre fille qui y vit en chantant des chansons débiles, dans un palais gelé.

— On dit même qu’on a vu un garçon avec des ailes dans le dos.

Me dit Avery avec une pointe d’ironie dans la voix.

— Bon ok, tu marques un point là.

— Tu ne veux toujours pas essayer de voler avec?

— Non, je te l’ai dit, je saurais quand je serais prêt.

— Moi si j’avais la possibilité d’avoir des ailes, je volerais tout le temps.

— T’inquiète, on va commencer les entraînements de parachutage à la rentrée, tu pourras t’éclater.

— Ouais, mais il y aura aussi la plongée et le tir.

— Et alors, Sofian t’a appris à nager, il n’y a pas de soucis. Et pour le tir, tu sais que l’on est obligé.

— Je sais, mais ça reste nul. Et j’ai peur si je nage top profond de ne plus savoir comment regagner la surface.

— Av, tu es Ciel, donc tu sauras toujours par où le retrouver sois en certain.

Il me sourit, rassuré je pense.

— Bon si on allait dormir, c’est qu’on se lève tôt demain. Et soit heureux, tu vas de nouveau pouvoir voler, même si c’est dans une boîte.

— Ça c’est cool, ouais.

C’est un peu la tête dans le cul que je me réveille. Notre zeppelin partant à neuf heures nous devons nous dépêcher. Katarina ayant des réunions aujourd’hui c’est son époux Ed qui nous accompagne. Et vu la tête des jumeaux, ils ont passé une petite nuit. Au final le plus frais c’est Sofian, et il est encore plus excité et de bonne humeur que d’habitude. Il a vraiment hâte de rentrer chez lui. En plus de revoir ses parents, il a demandé à Avery de l’accompagner dans les jours qui vont suivre pour son tatouage facial, car il désire que ce soit lui qui le dessine. J’ai bien vu que les parents des jumeaux n’étaient pas chauds à cette idée, et je crois que s’ils n’avaient pas connaissance de la puissance innée de Sofian, qui de ce que je savais faisait déjà partie de l’élite des casters en fonction, ils auraient fait en sorte de l’en dissuader, à cause de l’origine saphirienne de ce genre tatouage qui pourrait être vu comme un signe de contestation. D’autant plus dans le contexte politique actuel avec la récente annexion des Îles de Saphirs, suite au coup monté qu’avait organisé la prétende à la succession au trône, la sœur aînée de notre amie Lucinda.

C’est marrant, avant qu’il ne monte dans le zeppelin, Carmen a fait une tonne de recommandations à son cadet comme le ferait une mère lors du premier jour d’école de son fils. Je crois que si son autre frère n’était pas resté pour garder le manoir, il aurait bien ri.

Le voyage s’est bien passé. Enfin un peu moins pour Lorian qui a dû se retrancher dans sa bulle mentale lorsqu’il y a eu des turbulences. Je sens qu’il n’est pas pressé de sauter dans le vide, ce qui est normal au vu son élément magique terre. Comme lors de nos deux précédents voyages dans les airs, l’enthousiasme d’Avery a été à son apogée. Forcément il a déchanté quand nous lui avons enfin dit que nous aurions plus d’une heure trente de transport routier jusqu’au village de Sofian, les routes étant très sinueuses de surcroît. Du coup il s’est concentré sur son t-shirt que j’avais entouré la veille autour de son doudou, afin d’en transférer un peu l’odeur, ce qui le rassurait, et nous avons joué au base-ball dans nos têtes.

C’était l’une de ses dernières aptitudes. Il les appelait les rêves éveillés. Ils nous permettaient non seulement de se parler, mais aussi d’agir dans un décor issu de nos souvenirs à l’un ou l’autre. J’avais donc commencé à lui apprendre le base-ball ainsi. Il faudrait que nous testions un jour, si les acquis de cette manière trouvaient écho dans le monde réel. Mais le contrecoup de ce petit tour était élevé, car il lui consommait pas mal d’aer, la source de toute magie, aussi bien onirique, qu’élémentaire. Au pire cette surconsommation de magie le fera somnoler peut-être un peu à notre arrivée.

— Bah alors Avery, c’est mon fils qui t’épuise ainsi.

Au moment de dire bonjour à ma mère, Avery n’avait pu réprimer un bâillement dû à sa fatigue magique.

— Hey m’man, on va encore croire que je suis un bourreau.

— Nan Joe, c’est moi qui me suis épuisé tout seul.

— [ Vous êtes sûr qu’il n’y a qu’un bébé là-dedans? ]

Dit le meilleur ami d’Avery en désignant ma mère du menton.

— [ Sofian, excuse-toi. ]

— [ J’ai dit quoi papa? ]

Je pars à rire.

— M’man, Sofian te trouve très en forme, même alors, très très en forme.

— Désolé Joe, notre fils n’a jamais été très doué pour les bonnes manières.

Maman sourit doucement à la mère de Sofian, à laquelle ce dernier ressemblait énormément, de par ses cheveux roux et sa couleur de peau cuivrée par le soleil, même s’il avait le sourire et les yeux rieurs de son père.

— Ne t’inquiète pas Henrietta, le mien n’est pas plus doué.

— Hey.

Je tapote l’épaule de Chiara, elle était obnubilée par les jumeaux. Sûrement leur apparence musculeuse qui l’intimidait, tout comme leur grande taille. Je lui chuchote à l’oreille.

— Tu sais ils ne mordent pas, celui qui a une cicatrice à la joue est même un océan de gentillesse, et son frère est tout comme Dex tu verras.

— Tu racontes quoi encore crétin?

S’insurge Dorian, je le sais pour de faux, à l’entente de cette comparaison.

— Rien, je disais à ma sœur combien ton frère était gentil, lui.

— Tu vas voir si je te chope.

— Joe, je peux toucher ton ventre?

Je reporte mon attention sur Avery. Je sentais qu’il voulait retenter l’expérience du contact.

— Oui, vas-y.

Il pose délicatement sa main sur le ventre rebondi de ma mère, et aussitôt il sourit.

— Le bébé dort. { C’est un garçon ta maman avait raison. }

— { Ça veut dire que lui aussi ça va être un Pilote? }

— { Je sais pas. }

Malgré ce qu’il disait, je sentais un trouble dans son esprit.

— { Av, dis-moi tout. }

— { Je sais pas comment dire. Je sais que je le sens grâce à notre lien à nous deux, et ma magie. Mais y’a pas que ça. Je crois en vrai qu’il est positif. }

— { Et merde bordel. Ça veut dire que lui aussi il va être utilisé par l’Empire. }

— { Désolé Cal. }

— Il se passe quoi les garçons? Vous faites une de ces têtes tout d’un coup. Le bébé va bien?

— Oui m’man, il va bien ne t’inquiète pas. Av me donnait juste les pires idées au monde pour des prénoms. Sérieux, on est d’accord que Clark et Steeve sont des prénoms horribles, tellement ils font premier de la classe.

Je vois que ma mère n’est pas dupe, je lui ferais part de la découverte d’Avery quand nous serons seuls.

— Hey t’es pas cool Caleb, c’est moi qui voulais dire que c’était un garçon.

— C’est vrai, ça va être un petit frère?

Chiara explose de joie en disant ces mots. Quant à maman, elle retrouve le sourire et passe sa main sur son ventre.

— Tu vois Henrietta, je le savais que c’était un petit gars.

— On va fêter ça ce soir les gars. Ainsi que le retour de notre graine de champion.

Le père de Sofian signe pour son fils en même temps qu’il nous parle.

— Pitié Carlos, pas d’alcool pour Sof, c’est nous qui le supportons après.

Supplie presque Dorian.

— Ne t’inquiète pas il fait beau, au pire on le calera sur le bateau.

Lorian donne une tape dans le dos de son frère.

— De ce que j’ai appris Do, c’est plutôt de celui-là dont nous devons nous méfier une fois fin saoul.

Il me désigne clairement.

— Av, tu as été raconté quoi?

— Bah rien, enfin presque. [ Sof, tu m’avais juré d’essayer de ne rien dire. ]

Ce dernier se contente d’éclater de rire.

— Toujours debout Lorian?

Il était tard dans la nuit, et malgré quelques bougies encore allumées, la plupart des habitants étaient couchés, et la fête en l’honneur du retour de Sof, et de mon futur petit frère, avait fini par prendre fin.

— Oui, je voulais prendre un peu l’air.

— Et le démon est couché?

— Punaise, Sof est rond comme une queue de pelle. Av a fini par réussir à le convaincre d’aller dormir, et aussitôt dans son lit il s’est mis à ronfler. Dorian est resté avec lui, officiellement au cas où il se sente mal, mais je crois que mon frère a autant abusé ce soir.

— C’est clair que c’est la première fois que je le vois essayer de chanter.

— Toi par contre, hormis ton verre de digestif cul sec avant de raccompagner ta mère et ta sœur, tu as été très raisonnable.

— Il faut croire que je n’avais pas envie de me mettre aussi minable que ce qu’Avery a raconté à son pote. Et puis toi non plus tu n’as pas vraiment bu.

— Ça te dit justement un dernier verre avant de rejoindre Av?

— Ouais, pourquoi pas.

Nous partons nous installer à l’une des tables qui avaient été dressées à l’extérieur, après que Lorian ait été chercher une bouteille et deux verres dans la maison de son frère de coeur, et petit ami de son jumeau.

— Je ne pense pas que Carlos nous en veuille.

Me dit-il avec un clin d’œil en me servant un verre de liqueur de mangue.

— Ils sont sympas les parents de Sof.

— Oui très, et ils nous ont bien accepté mon frère et moi.

— C’est car vous êtes bons avec lui. Allez, à la tienne.

— Aux étoiles.

Nous buvons doucement notre verre. Seul le bruit des vagues s’écrasant sur la plage et celui des insectes perturbent le silence de la nuit.

— Avery a décelé quelque chose n’est ce pas?

— De quoi parles-tu?

— Arrête, nous te connaissons. Et le fait que tu aies insisté fortement pour raccompagner ta mère a aidé. Et puis Avery a bien des dons, mais pas celui de mentir.

Je soupire.

— C’est un positif?

Je finis mon verre d’une traite, il comprend que c’était la réponse à sa question.

— Comment l’a prise ta mère?

— Elle a pleuré. Et pour la première fois de ma vie je l’ai entendu maudire ses dieux.

— Savoir qu’un autre de ses enfants sera enrôlé de force dans l’armée n’est en effet pas la meilleure des nouvelles.

— Espérons qu’il soit seulement un Fileur. De toute façon magie ou non, aucun avenir n’est à espérer une fois que la succession aura eu lieu.

— Gardons espoir Caleb.

— C’est ce que me dit Avery aussi.

— Tu devrais aller le rejoindre, il va t’attendre.

— Non il dort, son demi-verre de liqueur a fini de le fatiguer je crois. Tu veux bien m’en reverser un d’ailleurs?

— À condition que tu acceptes que je t’accompagne. Mais Cal, juste un et au lit, pas envie que tu vomisses sur mes pieds, comme avec ton pote.

— Sérieux, il a raconté ça aussi?

— Qui sait.

Me dit Lorian avec un sourire malicieux. J’ai vraiment de la chance d’avoir des amis tels qu’eux.

Le lendemain comme il fallait s’y attendre, Sof et Dorian avaient la gueule de bois au réveil. M’man avait remis de l’ordre dans ses pensées, elle me rassura en me disant que ce qui devait arriver arrivera, mais qu’il fallait être confiant dans l’avenir, et que les dieux souriraient sûrement à mon futur petit frère. Son doute de foi n’aura pas duré bien longtemps. Chiara et elle étaient toujours aussi pieuses, même si ici elles étaient les seules à vénérer les Anciens, les locaux faisant juste une fête pour remercier les esprits de la mer à la nouvelle année. Et encore, comme Sof nous l’avait dit, c’était plus l’occasion de faire une grande fête qu’autre chose. Mais malgré tout personne au village ne leur disait quoique ce soit quant à leurs croyances.

Au retour de ses parents de leur pêche, Sof a eu une rude conversation avec eux au sujet de son tatouage facial. Ils ont fini par céder mais par dépit, en ayant fait promettre aux jumeaux de le protéger si son tatouage lui valait des problèmes, même s’ils l’auraient fait de toute façon. Il a donc été décidé qu’Avery l’accompagne demain chez la personne qui s’occupait de cet art. Ils iraient au retour de Sof et des jumeaux de la pêche, le premier ayant convaincu les deux autres de dormir sur le bateau cette nuit. Sa mère nous a raconté que petit, Sofian passait quasiment toutes ses nuits d’été dans son hamac sur le pont, ne se réveillant parfois même pas quand ses parents prenaient la mer.

Nous avons profité de l’absence de nos amis ce matin pour traîner au lit avec Av. La maison qu’occupait maman n’étant pas bien grande, Chiara nous avait laissé gentiment son lit, et elle était partie dormir avec maman. Matti et Dex dormiraient dans le salon. Les habitants avaient commencé à agrandir la maison pour créer une chambre attenante à celle de ma mère pour le bébé, mais le toit n’était pas encore terminé, ni les ouvertures. Nos amis de l’Académie dormiraient chez différents habitants qui avaient bien voulu les héberger. Tout le monde dans ce village était solidaire et ouvert d’esprit. C’était quelque part réconfortant.

L’après-midi, comme prévu, Avery accompagne son ami chez la tatoueuse, et n’ayant rien de mieux à faire je les accompagne avec Chiara qui voulait voir à quoi ça ressemblait. Les jumeaux ont décidé d’en profiter pour s’entraîner un peu entre eux.

— Toujours à sourire toi.

La tatoueuse était en fait l’une des anciennes du village. Je l’avais remarqué le premier soir par les nombreux dessins ornant son corps. Elle était certainement la personne la plus tatouée que j’avais pu rencontrer, ceux-ci courant sur tout son corps, de tailles et de styles divers, ce qui contrastait avec ses cheveux blancs, et sa peau ridée. À vue de nez elle devait avoir entre soixante et soixante dix ans.

— Et si ce n’est pas la p’tite bout de choux, comment tu vas ma grande?

— Ça va mamie Esmée et toi?

— Toujours quand je suis entouré par autant de jeunesse.

Sofian signe en direction d’Avery, j’avais décidé de rester un peu en retrait.

— Sof dit qu’il veut franchir le pas pour son tatouage facial, mais qu’il souhaiterait que ce soit moi qui fasse le prédessin.

L’ancienne scrute le visage mon partenaire, comme si elle avait cru voir un fantôme, mais très vite son expression redevient aussi sereine qu’elle l’était un instant plus tôt, peut être même plus.

— Ce ne serait pas toi son copain qui a dessiné son premier tatouage à lui et ses deux grands amis?

— Si.

Elle rit.

— Il nous a beaucoup parlés de toi via l’intermédiaire de ses grands amis. Notamment que tu excellais au violon.

— Je sais pas si j’excelle.

— Accepterais-tu d’en jouer pour la vieille dame que je suis en échange du tatouage de ton ami?

— Je veux bien, mais j’ai pas de violon.

Avery étant un peu surpris, j’avais décidé de prendre le relais pour traduire à Sofian ce qu’il se disait.

— [ Non, ce n’est pas à Av de payer pour moi. ]

— [ Laisse le faire, je sens que ça lui fait plaisir. ]

Sofian pour toute réponse serre son ami dans ses bras.

— Eh bien, on dirait que c’est acté. Et ne t’inquiète pas, nous ne sommes peut-être pas bien riches ici, mais nous avons un violon en bon état. Il a été fait avec le bois du mât d’un bateau de l’un des premiers pêcheurs du village, m’a raconté ma mère qui tenait elle-même cette histoire de son père.

— Oh. Promis je vais en prendre soin.

— J’en suis certaine. Veux-tu bien te rapprocher de moi. Qui t’a fait ce tatouage mon garçon? Je n’ai jamais vu un tel travail.

— Grand frère il a exactement le même.

— C’est bien ce qu’il me semblait. Veux-tu bien t’approcher aussi le grand frère?

Vu la chaleur et la proximité de l’eau, nous portions juste nos shorts de sport tout comme notre ami, sauf que lui contrairement à nous était pieds nus.

— { Je réponds quoi Caleb? }

— { Attends. } C’est un dessin d’Av aussi, et il a été fait par un tatoueur d’une petite ville non loin de l’Académie.

— J’adorerais le rencontrer pour savoir comment il a fait pour l’intégrer à un tel point dans vos peaux. Je pourrais presque croire que vous êtes nés avec, ou qu’il est apparu par magie.

— Non, Avery et grand frère les ont fait après qu’il a été à l’hôpital cette année. Même que grand frère il a sauvé Avery.

Maman et Dex avaient été obligés de raconter certaines choses à ma sœur après les accusations de traîtrises qui avaient pesées sur moi, tout en la préservant au maximum. Sur ce coup le fait qu’elle détourne la conversation nous arrangeait grandement, ne voulant pas dire que le dessin d’oiseau stylisé, aux lignes géométriques, qui ornait nos corps, était apparu sous l’impulsion de la magie d’Avery, quand celle-ci avait dévoilé sa véritable nature.

— Oui, nous avons appris que notre feu de joie avait eu une médaille lui aussi.

— Il dit qu’il s’en fiche de ce bout de métal, que l’essentiel avait été de protéger Lorian.

Avery avait repris son rôle d’interprète.

— Ça ne m’étonne pas de lui. C’est un brave notre Sofian.

Le jeune Caster feu avait été blessé au cuir chevelu durant l’attaque, ce qui lui avait valu une petite cicatrice. Mais surtout il avait sauvé la vie de Lorian grâce à son pouvoir, ce dernier s’en sortant juste avec une estafilade sur la joue.

— Il dit merci Mamie Esmée.

— Pour en revenir à vos tatouages, tu as un bon coup de crayon mon garçon pour les avoir dessinés.

— Euh, merci madame.

— Allons, appelle-moi Mamie Esmée comme tout le monde, et ça vaut aussi pour toi le grand frère.

— Ça marche.

— Allez-y, qu’il s’installe notre vaillant héros. Avery, viens ici. Utilise ces crayons pour effectuer le pré-tracé. Moi je vais aller te chercher notre violon, et tu vas en jouer pendant que je commence le travail.

Elle a la forme la mamie. Avery se met aussitôt à l’ouvrage, après avoir juste fait confirmer à son ami qu’il n’avait pas changé d’idée. Ils avaient dû longuement parler ensemble de ce dessin, car Avery commence à tracer sans poser d’autres questions. Chiara le regarde faire avec admiration. Il dessine à l’aide de trois crayons différents, représentant différentes profondeurs de noirs et de gris. Je savais juste que le tatouage serait monochrome.

Quand Mamie Esmée revient, Avery est toujours à son dessin. Elle le regarde faire attentivement.

— Tu es vraiment doué mon garçon. Voudrais-tu apprendre à effectuer un tatouage?

Il ne s’arrête pas de dessiner pour répondre, mais je sens son enthousiasme.

— Pour de vrai?

— Oui, bien entendu. Le grand frère va bien nous prêter un bout de peau pour que tu essayes.

— Hein, quoi?

Elle part à rire.

— Non je plaisante, nous autres tatoueurs, nous nous entraînons sur l’écorce des fruits ou la peau des cochons quand nous en avons. Mais je suis certaine que tu vas vite prendre le coup, et qu’avant ton départ d’ici tu seras capable d’effectuer au moins de petits dessins.

— Moi je veux bien un tatouage d’Avery.

— Mais oui bien sûr Chacha. Et maman nous enterrera vivant Av et moi pour qu’on se fasse manger par les crabes en contrepartie.

— T’es pas drôle.

En tout le prédessin aura pris presque trois quarts d’heures, Avery s’appliquant et estompant certains traits, avant de repasser sur d’autres. J’aurais du m’en douter. Le dessin représentait des flammes dévorant le côté droit du visage de Sofian. Partant de sa cicatrice jusqu’à sa mâchoire, une flamme lui léchant la lèvre inférieure, tandis qu’une autre lui embrasait l’œil. Sofian donne ses instructions à son ami.

— Il dit qu’il veut un monochrome exactement comme j’ai dessiné pour les remplissages, ni plus, ni moins foncé, pour que les teintes de sa peau jouent avec le tatouage.

— Très intelligent mon garçon, l’été ton feu sera brûlant et l’hiver plus calme.

La peau de Sofian avait en réalité peu perdue de son bronzage cet hiver, et hormis Viktor et moi, c’était lui qui avait toujours eu la peau la plus foncée. Mais il faut dire que depuis cet été elle avait repris son bel aspect cuivré.

— Il dit aussi qu’il veut le pigment spécial.

— Il est certain?

— Oui.

— Voilà qui va être très intéressant alors. Dis-lui qu’il va me falloir deux après midi de travail, mais que demain je laisserai sa peau se reposer, et que je finirai le jour suivant.

— Il est ok. Mais c’est quoi le pigment spécial? Il ne m’en avait pas encore parlé.

— Tu le verras quand ce sera terminé. Allez, regarde comment je fais et ensuite tu me joueras un morceau.

— D’accord.

Une fois de plus mon p’tit pote était plein d’entrain.

Bon ok j’ai douillé à l’apparition de mon « tatouage », mais au moins c’était de courte durée. Le Sofian il fait le brave, mais par moments il sue à grosses gouttes. Avery a été très attentif au départ, et rendez-vous est déjà pris demain avec l’ancienne pour qu’il s’exerce.

Cela fait déjà plus d’une heure qu’il joue du violon, et Chiara est une nouvelle membre de son fan-club, et je crois que l’ancienne aussi. Quand il a fini son morceau, quelqu’un toque à la porte.

— Entrez.

C’est ma mère qui se présente avec un petit panier recouvert d’un torchon. Il n’y avait pas à dire, depuis qu’elle avait quitté notre province, et surtout notre géniteur qui aurait bien tué le bébé et elle, ma mère avait retrouvé un pétillement dans ses yeux, et ses épaules s’étaient redressées, comme si un poids les avait quitté.

— Ce n’est que moi, j’apportais un goûter aux enfants et je venais voir si Chiara ne vous embêtait pas trop. Qu’est qu’il y a mon chéri?

— Le timing est trop parfait. Depuis combien de temps es-tu derrière cette porte m’man?

— Caleb, dit de cette façon tu donnes l’impression que je suis une perverse. Et je me suis juste arrêtée pour écouter deux morceaux.

— M’man, tu n’es pas sérieuse de rester aussi longtemps debout dans ton état.

— Mais non ce n’est rien, et puis la musique d’Avery est une bénédiction. Tu subjugues le village.

— Mais non, je ne joue pas si bien que cela Joe.

— Attends maman, tu entends quoi par le village?

— Tous ceux qui entendent la musique font des pauses pour l’écouter.

— Mon garçon, tu devrais nous faire un petit récital un de ces soirs.

Dit alors tout de go l’ancienne.

— Je sais pas.

— En échange de ton apprentissage.

— Dites Mamie Esmée, vous ne seriez pas un peu roublarde. Il n’a jamais été question d’échange pour votre enseignement.

— Caleb voyons, soit respectueux.

L’ancienne part à rire.

— Tu n’as pas ta langue dans ta poche petit, j’aime bien ça.

— Moi je veux bien tu sais.

Dit alors Avery un peu paniqué par ma réaction.

— { Elle va te manger tout cru si tu te laisses faire. }

— { Non mais je veux bien, et puis je l’avais promis à ta maman que je jouerais pour elle. }

— { Tu te rappelles notre conversation sur le fait de penser un peu à toi. }

— { Oui mais là ça me fait plaisir et puis… } D’accord, mais à la condition que je puisse faire un tatouage sur un ami s’il le veut, et un petit tatouage chacun pour Caleb et moi.

L’ancienne relève ses instruments et repart à rire de plus belle.

— Tu es dur en affaires mon garçon, mais vendu. Ta musique le vaut bien.

— Dites, on pourra attendre que tous nos amis soient là pour organiser ce récital?

— Comme tu le désires petit. En attendant tu pourras t’entraîner autant que tu veux avec ce violon. Je dirai au chef du village que tu pourras l’emprunter comme bon te semble, et s’il t’a entendu, il n’y verra aucune objection soit sans crainte.

— { Tu vois, je me suis pas fait avoir. }

— { C’est bien Avery. }

En réalité je ne suis pas certain qu’il ne se soit pas fait rouler, puisque quand il en jouera pour s’entraîner, les habitants, dont l’ancienne, pourront en profiter, mais après tout il aime tellement jouer du violon que ce n’est pas si important de savoir qui l’écoute. Tant que ce n’est pas l’autre salopard d’Empereur, comme lors de la réception du nouvel an au Palais impérial.

— Chiara, tu veux rentrer avec moi où tu restes avec ton frère?

— Tu vas rejouer du violon Avery?

— Peut-être encore un peu après.

— Je reste alors.

— Bien, mais soit sage.

— C’est bon m’man, elle est gentille aujourd’hui.

— Mais, je suis toujours gentille.

— Si tu le dis.

— T’es pas drôle grand frère.

Le soir, les plantes qu’avait données Katarina aux jumeaux en prévision du tatouage de Sofian, n’ont pas été de trop pour le soulager. L’ancienne avait en outre recouvert son travail de feuilles d’une plante que je ne connaissais pas, et qui devaient venir de la jungle voisine.

Le lendemain matin nous partons avec Sof et les jumeaux, et accompagnés de Romuald, se balader dans cette jungle, le meilleur ami de mon p’tit pote voulant absolument nous montrer « l’endroit idéal ». Idéal pour quoi, là était la question, mais j’avais comme le sentiment qu’Avery était au fait de ce détail. Il était prévu que nous y mangions et que nous ne rentrions qu’en début d’après-midi pour le cours de tatouage d’Avery, et que Sofian se fasse de nouveau remplacer son bandage végétal.

— [ Tada. Je savais bien que je retrouverai mon chemin. ]

Dorian lui donna une petite tape derrière la tête.

— Il n’était vraiment pas sûr de le retrouver cet idiot. Mais il dit que pour le retour c’est plus simple, il suffit de suivre le cours d’eau puis de longer la côte. Il précise juste qu’il y a quelques rochers à descendre, d’où l’allée par ce chemin.

En réalité je ne l’écoutais qu’à moitié. J’étais comme hypnotisé par le spectacle. Un cours d’eau se jetait en cascade juste devant nous, créant une petite réserve d’eau douce à son pied. Créant une atmosphère particulière dans ce secteur de la forêt.

— { Tu lui as demandé un endroit où je pourrais essayer de voler, c’est ça? }

— { Oui, tu m’en veux? }

— { Non, ce sera ici, je le sens. Mais attendons que tous nos amis soient présents, après tout ils ont le droit de me voir m’écraser. }

— { Aucune chance. }

— { Je le sais, c’est ça le pire. En vrai c’est à la fois flippant et exaltant. }

— { Je t’envie. Mais je pourrais le vivre à travers toi, donc c’est chouette quand même. }

Nous décidons de manger ici, après avoir informé nos amis de notre projet via Sofian, pour ne pas divulguer à Romuald les capacités si spéciales d’Avery. Nous décidons de faire la démonstration le lendemain de l’arrivée de nos amis, et Avery donnera son récital le jour suivant, juste avant le départ de Dex, Matti et Nicholaï, le soldat impérial avait qui je m’étais lié d’amitié, et dont j’avais fait la rencontre sur le quai de la gare, le jour de mon départ pour l’Académie impériale.

Le tatouage de Sofian est terminé, mais pour le moment seul Avery a vu le résultat, même s’il n’est toujours pas au courant de la spécificité de l’encre spéciale, qui pour lui était quasi identique, bien que plus profonde. Pour le moment Sof doit garder son bandage végétal, et appliquer une pommade spéciale de l’ancienne.


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Extrait:

Qui suis-je?

Fan de pop-culture et de geek-culture, j'ai d'abord commencé à écrire pour le côté catharsis de l'exercice.
Aujourd'hui j'embarque pour la publication de mon premier roman, la première pierre de ma saga Dreamers. Si j'arrive à faire voyager ne serait-ce qu'une personne dans mon univers, alors j'aurais la satisfaction d'avoir pu partager une part de qui je suis.

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