Voici un cas bien étrange que j’ai pu étudier, celui d’un jeune patient que j’ai pu rencontrer en consultation et dont j’ai pu lire ce qui lui était arrivé dans le journal qu’il tenait secrètement.
Celui qui se définissait lui-même dans son journal comme plus tout à fait un enfant, pas vraiment un adolescent, se brossa les dents comme tous les soirs en imaginant devant le miroir les jeux auxquels il aimerait jouer le lendemain.
Avant de se coucher, il mit son t-shirt préféré, celui avec ce super héros que son père trouvait sans le moindre intérêt, mais que lui aimait tant.
Il se vit alors en train de dormir, dans cette chambre dont les murs sans âme lui renvoyaient la pâleur de la lune. Il voyait son corps, plus tout à fait celui d’un enfant, pas vraiment celui d’un adolescent, alors que lui-même flottait juste au-dessus de son lit.
C’est la faim qu’il ressentit en premier, de plus en plus pressante, de plus en plus dévorante, puis il vit tout doucement son corps changer. Ses joues se creusèrent, les orbites de ses yeux s’enfoncèrent. Il sentait qu’il avait faim et en réponse il sentit du sang dans sa bouche. Ce sang, il le vit déborder de sa bouche et couler sur son oreiller, et finir par maculer son t-shirt préféré. Sa peau, sur ses joues émaciées, se dessécha, et pour finir se parchemina. Puis il se sourit, et dans sa bouche il ne vit plus de langue, car il l’avait dévorée depuis bien longtemps.
C’est alors qu’il se réveilla. Et même s’il n’était plus tout à fait un enfant, pas vraiment un adolescent, après sa maman, il hurla.
Mais très vite dans sa journée il n’y repensa plus et quand le soir il éteignit il avait tout oublié de son cauchemar.
Mais il refit exactement le même rêve, sauf que quand il se réveilla et hurla, il sentit du sang dans sa bouche. En dormant, il avait mordu sa langue et sa joue.
Cette journée-là ne se passa pas aussi calmement que la première, son cauchemar ne le quittant jamais vraiment.
Et le lendemain matin, il avait refait le même cauchemar, sauf que cette fois le sang coulait de ses yeux. En dormant, il avait dû enfoncer ses pouces dedans, seule cette explication pouvant être vrai.
Mais ce jour-là toute la journée il stressa, et au moment de ce coucher il fut nerveux. Alors que plus tout à fait un enfant, pas vraiment un adolescent, obligea son père à venir le calmer.
Et toutes les nuits, il refit le même cauchemar, encore et encore, le rendant de plus en plus agité en journée. À force des bleus sur ses bras apparaissaient, sûrement dus au fait qu’il se débattait et essayait de lutter contre son cauchemar, essayant à tout prix de se réveiller. Allant jusqu’à cette nuit, essayer d’étrangler celui qui n’était pas plus tout à fait un enfant, pas vraiment un adolescent qui lui ressemblait tant, mais qu’il refusait de voir comme étant lui-même. Mais lorsqu’au réveil il vit les traces de strangulation autour de son propre cou. Il comprit qu’il n’en était rien, et que son cauchemar et lui n’étaient qu’une seule et même personne. Si bien que cette acceptation finit de l’accabler et de jouer sur son bien-être d’autant plus que la veille, plus tout à fait concentré, pas vraiment intéressé, il avait raté ses examens en beauté.
Cette nuit-là, le cauchemar se fit encore plus oppressant, et pendant ce dernier, le temps passa encore plus lentement, pour le plus tout à fait un enfant, pas vraiment un adolescent. Au réveil, l’effroi était encore plus présent, et sur son visage, ses ongles en dormant il avait dû enfoncer, le sang faisant une fois de plus couler. Mais sur ses ongles ne paraissait aucune trace de sang.
Ses parents alarmés, et à ce sujet tous les soirs se disputant, finirent par l’envoyer à mon cabinet de psychiatre.
Et deux nuits de cauchemar plus tard, et de nouvelles traces sur son visage, marquées, je reçus le plus tout à fait un enfant, pas vraiment un adolescent. Mais alors qu’à cause de son état j’ai recommandé une hospitalisation en unité psy, son parent présent refusa et je ne pus prescrire qu’une médication afin d’essayer d’apaiser mon jeune patient. Une fois rentré, il lui fut rappelé que le nom de son père au sommet devait être porté, et seule la perfection devait compter.
Mais alors que le plus tout à fait un enfant, pas vraiment un adolescent, espérait une nuit sans cauchemar, ce dernier revint comme toujours. Mais pour la première fois pendant son rêve il ne put pas bouger, et dans son lit fut rivé. C’est alors que le plus tout à fait un enfant, pas vraiment un adolescent, comprit enfin, depuis le début il n’était pas au-delà de son de corps, mais il se voyait dans un miroir.
Le soir suivant en se brossant les dents, il paniqua devant son miroir, et il donna un grand coup de poing au niveau de son visage.
Mais alors que forcément il fit le même cauchemar, au réveil il arbora un coquard, là où dans le miroir la veille au soir il avait frappé.
Et cela jouait de plus en plus sur son moral, et en journée étudier plus tout à fait il ne pouvait, et le soir pas vraiment dormir il ne voulait, mais pour les deux ils devaient.
Mais le cauchemar au miroir continuait, encore et encore, jusqu’à ce qu’une nuit le miroir en face de lui se fissurât.
À son réveil, il trouva près de lui un marteau, et tous les miroirs de la maison étaient brisés, mais son bras droit lui aussi était cassé.
Les nuits d’horreur continuèrent, le miroir du rêve s’étant reformé, et en journée il demeurait plus tout à fait éveillé, pas vraiment endormi.
Quand ce soir-là il se vit dans les prunelles de son chien, une nouvelle frayeur le prit avant de monter dans son lit.
De nouveau, il hurla dès le réveil. Son père, qui pour veiller son fils, depuis quelques jours avait arrêté de travailler pour la première fois de sa vie, arriva en courant. Mais quand il accourut dans la chambre, il s’écria de stupeur. Au pied du lit, le chien gisait dans son propre sang, les yeux lui ayant été retirés. De la flaque de sang partaient des traces de pas, la relayant au lit de son enfant. À côté de son fils était déposée une fourchette, et sous l’œil droit de ce dernier la marque de cette dernière prouvait qu’elle avait été enfoncée.
Le soir arrivé, une fois de plus, le plus tout à fait un enfant, pas vraiment un adolescent, bien qu’épuisé, refusa de s’endormir et pour ce faire, vomit sa médication, une fois le regard de ses parents détourné.
Il tient seulement deux jours sans dormir, et au milieu de la nuit il se réveilla, après un nouveau cauchemar fait. À la fin de ce dernier, il était recouvert de sang, et sur son corps, plus tout à fait en forme, pas vraiment brisé, il passa ses mains lorsqu’il se réveilla, mais il fut soulagé quand sur celles-ci il ne vit aucune trace de son sang. Mais ensuite quand il se refléta dans le carreau de sa fenêtre, il prit peur. Et il entreprit de fermer tous les volets de la maison.
Lorsque le surlendemain il se réveilla, malgré de nouveau son cauchemar fait, il était serein. À ses côtés aucun outil ne gisait, mais désormais toutes les fenêtres étaient brisées.
Malgré cela pour la première fois avec ses jeux qu’auparavant chaque soir il imaginait avant de s’endormir, il put enfin s’amuser. Et pour la première fois de sa vie en tant que plus tout à fait un enfant, pas vraiment un adolescent, il put se comporter, et il put même porter en journée son t-shirt de super héros bien-aimé. Son père, bien que ne comprenant pas l’intérêt pour de son fils pour ce dernier, avait fini par lui offrir pour lui faire plaisir, et essayer d’étouffer quelque peu sa culpabilité, quand du cauchemar de son enfant il prit conscience.
Les jours passaient, et le plus tout à fait un enfant, pas vraiment un adolescent, avait accepté ses cauchemars en amis. Il était heureux, et il continuait de s’amuser. Malgré tout chaque jour, il était de plus en plus fatigué.
Quelque temps plus tard, dans la maison du plus tout à fait un enfant, pas vraiment un adolescent, des secours pénétrèrent. Ils trouvèrent ses parents éviscérés des bouts de verre planté dans leurs entrailles et leurs corps, et ils virent leur fils au plus mal allongé sur son lit.
Son t-shirt, sur lequel auparavant un super héros était représenté, était recouvert de sang, aussi bien le sien que celui de ses parents. Ses yeux dans ses orbites étaient enfoncés, ses joues creusées et sa peau fripée recouvraient son corps émacié.
Plus tout à fait vivant, pas vraiment mort il était, et dans un dernier effort il sourit en grand, dévoilant une bouche dans laquelle il avait dévoré sa langue depuis quelque temps, mais désormais plus jamais son cauchemar il ne ferait.
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